Positions et Communiqués
Par Florence Nys, déléguée Générale de l’UNIFA, les entreprises de la nutrition des plantes et de la santé des sols.

Transformer l’agriculture française : un impératif auquel il est urgent de répondre collectivement !

Conventionnel, biologique, agroécologie… ce sont des mots que l’on entend de plus en plus régulièrement. Ils sont accolés les uns aux autres pour parler de notre avenir, celui de l’agriculture et de la structuration des modèles économiques agricoles de demain. Les changements agricoles sont en effet des évolutions clés et nécessaires de notre société. Pour mener cette barque avec justesse, originalité et précision, il est essentiel d’avoir les bons acteurs au gouvernail pour réfléchir collectivement à cet avenir et au maintien de la souveraineté alimentaire de la France.

Mais comment transformer l’agriculture française ? C’est un bien grand mot que « transformer », mais il est à la hauteur des enjeux sous-jacents : l’alimentation durable, la préservation de la planète, le changement climatique et bien d’autres.

La première étape est de parler de l’existant, de faire son procès peut-être. C’est une analyse incontournable avant de vouloir entreprendre la grande odyssée du changement de paradigme. Ces fameux modèles de productions existants, comme le conventionnel, ont effectivement vécu un âge d’or au même titre que les Trente Glorieuses - les engrais ont eu leur part à jouer dans le succès de cette dynamique - et la société française en a largement bénéficié. Aujourd’hui, l‘agriculture française représente 18% de la production européenne[1], devant l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Le concept de productivité agricole s’est également installé dans notre imaginaire collectif.

Toutes ces solutions qui ont permis une meilleure efficacité, des rendements plus importants et un gain dans la balance commerciale agricole. Au même titre que des équipements agricoles plus performants (tracteur, outil d’aide à la décision), les engrais ont évolué vers plus de performance et d’innovation pour accompagner les agriculteurs dans un meilleur équilibre de leurs modèles économiques. L’appui des pouvoirs publics et la création de la PAC ont également favorisé ce changement au long cours tout en accompagnant la stabilisation des revenus des agriculteurs et la sécurisation des approvisionnements dans un contexte d’après-guerre. Cette force agricole française – le fameux grenier à blé de l’Europe - a permis pendant longtemps d’alimenter les autres secteurs de l’économie, et de créer un cercle vertueux faisant de la Ferme France un pilier structurel de l’économie française.

Mais cette situation est révolue ! Ces dernières années, de nouvelles préoccupations sont apparues et ont remis en question les modèles existants. Cela nous demande d’apposer un regard différent sur l’agriculture. En effet la prise de conscience environnementale, la gestion de l’air, de l’eau et de la terre, est apparue comme des impondérables de la survie de notre agriculture et de notre planète.

Les générations actuelles s’intéressent moins à la productivité agricole qu’au patrimoine agricole. Transformer l’agriculture c’est également préserver ce patrimoine agricole pour nos enfants et nos petits-enfants. Les crises géopolitiques, énergétique, et économique, s’entremêlent sinistrement et incitent la jeunesse à se fédérer autour de nouvelles voies de société : la lutte contre le changement climatique, le respect de la biodiversité, et plus globalement la préservation de la planète.

Actuellement nous avons conscience que le modèle unique agricole – si tant est qu’il y en ait un - a fait son temps et s’est effrité au profit de nouvelles alternatives repensant l’agriculture dans son acception première. Quel est le futur à prédire pour notre agriculture et quelle est la place des engrais dans cette équation ?

Nous prenons pleinement conscience que cette transformation ne se fera que collectivement, dans une vision transversale, incluant la société civile, mais également les entreprises qui font vivre une partie de cette société, telle que les entreprises productrices d’engrais.

En réalité il n’existe pas qu’un seul modèle de refonte agricole, mais bien une diversité de choix agricoles durables et économiquement valorisants pour les territoires, qui doivent faire sens ensemble. Les pouvoirs publics doivent accompagner les entreprises dans cette transformation agricole, au même titre que les agriculteurs, afin de permettre à la société française de coïncider sur les mêmes ambitions, celle de préserver ce patrimoine agricole tout en permettant à notre économie agricole de perdurer et à la France de rester une puissance agricole de premier plan.

Pour transformer l’agriculture, revenons donc aux racines : l’ager (le champ) et cultura (la culture). Ne supprimons pas les outils à notre disposition, adaptons-les afin de préserver les plantes, les sols et ceux qui y vivent, car « un bon instrument fait double ouvrage » !

 

[1] Sources : Agreste / Graphagri, 2018 (Infographie ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire – La Ferme France)